Cette histoire que les parents des parents de vos parents leurs ont transmise, que les parents de vos parents ont transmise à vos géniteurs, et que vos parents vous ont transmise à leur tour... Aujourd'hui, vous connaissez tous l'histoire de notre continent, mais vous en ignorez parfois les sombres détails. Vous avez peut-être oublié que Rosaregnaest s'est construite dans le sang ! Et que le Muertaland, sujet de toutes vos craintes à l'heure actuelle, ne fut pas si secret à ses origines. Personne ici ne se souvient plus de ce qu'il s'y est passé plusieurs millénaires auparavant, quand sur Terre... mais savez-vous seulement ce qu'est la Terre ? Non. Pourtant c'est sur Terre précisément, sur une petite planète bleue, que commence notre histoire. Quand au milieu du XVème siècle, les humains se révoltèrent soudain contre toute forme de magie. On ne sait quels excités les dressèrent contre les créatures mystiques, mais soudain ils voulurent chasser les sorcières hors de ce monde, les tuer par le feu. Et toute étrangeté était considérée comme potentielle trace de magie. Le surnaturel ? C'était la plaie suprême, la cause de tous leurs maux. Sans raison logique, mais il avait été ainsi décidé. L'heure était à la suspicion chez les humains et à la peur chez nos ancêtres. Et alors que les européens n'étaient préoccupés que de la réussite de Christophe Colomb, un magicien puissant et bon s'avisa d'ouvrir une brèche vers un autre monde. Ce monde, cher public, c'est le nôtre ! C'est notre cher continent, qui lorsqu'il fut découvert par Felipe Almendros, le magicien espagnol, était encore à l'état de nature sauvage et originel. Une nature qu'il fallut dompter en l'écoutant, en l'organisant, et en s'entraidant. Oui, en s'entraidant ! Ce continent que vous voyez aujourd'hui déchiré, cette peur qui occupe chacun de vos coeur, tout cela n'existait pas à l'origine ! Différents royaumes vinrent diviser l'immense continent, et notre région, Rosaregnaest, comme les autres, collaborait avec les différents chefs. L'âge d'or de notre monde... Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Il n'existe qu'une seule clé capable de nous délivrer des malheurs qui nous assaillent aujourd'hui : il faut être capable de les comprendre dans leur totalité, et pour cela, il faut se souvenir de la construction de notre monde... Mes aïeuls m'ont toujours transmis les détails de l'histoire, il est temps pour moi aujourd'hui de la rappeler à votre mémoire.






Felipe Almendros, fondateur du continent, n'était malheureusement pas venu seul découvrir ce monde parallèle. Non, son frère l'avait suivi. Frère jaloux, frère perfide, frère fourbe et déloyal. Pendant plusieurs mois que dura l'installation d'humains et de créatures mythiques dans le continent Almendros, le frère se tint coi, faisant mine d'approuver et de féliciter l'action incroyable que Felipe était en train de graver dans l'histoire. Sans en toucher un mot à personne, Sentenza, puisque tel était le nom fdu frère.. je vous vois frissonner. Oh oui, vous avez pu oublier certains détails de votre histoire, mais pas le nom de Sentenza n'est-ce-pas ? Pas le nom de cette homme dont la folie était aussi grande que la cruauté ! Sans en toucher un mot à personne, donc, Sentenza entreprit de fonder son propre royaume, plus secret, plus fermé sur les autres. Il y vivait avec sa femme jeune et belle, et les cinq filles qu'elle lui avait données. L'histoire de ces sept personnes est celle qui a fait couler le plus d'encre, et le plus de sang malheureusement. Car Sentenza Almendros voulait asservir l'Europe, cette Europe terrienne sur laquelle il était né, et d'où son frère était parti pour aménager ce monde parallèle. Seulement, quand les projets de l'horrible Sentenza arrivèrent aux oreilles du plus grand monde, la révolte fut telle, que son armée fut balayée, et que Felipe le magicien prit la décision de fermer la porte entre la Terre et le continent Almendros. Et depuis des millénaires, cette porte est désormais introuvable et fermée. Vous êtes tous nés sur le continent Almendros, comme moi. Et vous y mourrez. C'est notre monde désormais. Seulement, Sentenza à l'époque ne l'entendait pas de cette oreille. Et de savoir que son plan avait échoué, de se voir jeté en prison, avec sa femme et ses cinq filles commença à le rendre fou. Sa femme la première ne supporta pas cette défaite et cette emprisonnement. D'un accès de rage, elle tua l'aînée. Première victime d'une trop longue série initiée parla famille Almendros, par cette branche sombre de la famille Almendros. Le père fou de colère tortura sa femme jusqu'à la voir expirer, et s'enfuit avec ses filles. Ce qu'il voulait, c'était rejoindre son royaume, celui qu'on lui avait pris, celui qui lui était désormais interdit. Le royaume le plus mauvais que le continent n'ait jamais connu : le Muertaland.

Sentenza et ses quatre filles, en exil, durent toutefois se retirer dans les Montagnes du Nord. Oui, celles-là mêmes où vivent peut-être aujourd'hui certains de vos cousins, de vos tantes, de vos amis aussi. Les Montagnes du Nord hébergèrent la sombre famille. Et Felipe, vieux et fatigué par la construction du continent, mourut pendant ce temps, en héros. Acclamé par la foule comme leur sauveur : celui qui leur avait offert un monde, pour eux tous. Qu'ils soient magiciens, humains, elfes, nains... Felipe leur avait offert un nouveau futur. Seulement, il n'était plus là pour veiller sur son malheureux frère. Et dans les Montagnes du Nord, la malédiction se poursuivait... La cadette tenta de fuir, aidée par la troisième fille. Sentenza les tua. Des témoins le dénoncèrent, et pour la seconde fois, Sentenza fut exilé et emprisonné, loin de ses filles cette fois, pour lesquelles il constituait une source de danger. Pourtant, il aimait ses filles, de tout son coeur. S'il avait tué les deux plus jeunes, c'était dans un accès de folie. Et derrière les barreaux de sa prison, quelque part au centre du lac des Brumes, à la frontière entre Daïamonz et Eleapia, c'est à elles qu'il pensait le plus souvent. À elles et à son cher royaume, le Muertaland, qu'il désirait tant revoir avant sa mort. On dit que des dragons montaient la garde sur sa petite île, mais je ne suis plus bien certain de cela. Car malheureusement, vous le savez, vous le sentez du moins : Sentenza n'avait pas fini de faire parler de lui, et il allait bel et bien regagner son royaume. Ses deux filles vinrent le faire sortir de sa prison, sans qu'on réussisse jamais à percer le secret de leur plan. Mais ils s'étaient évadé, tous les trois, et avaient regagné le Muertaland. Tous les habitants du continent craignaient de nouveaux jours sombres...

Chevaliers, fées, elfes... Nombreuses sont les créatures qui furent dépêcher pour aller attaquer le Muertaland. Ou du moins, l'espionner. Seulement, impossible de l'approcher de trop près : une immense muraille invisible, derrière une sombre forêt, semblait protéger l'endroit de la venue de quelconque. Quelques humains et quelques nains au coeur sombre tentèrent de rejoindre le roi déchu, et on ne les revit jamais. Mort ? Constituant une armée ? Car derrière la muraille invisible s'élevait une colonne de fumée noire, signe d'activité humaine. Que pouvait-il bien s'y tramer ? Les rumeurs les plus folles se mirent à circuler. Les années passèrent, les siècles à leur tour vinrent calmer les esprits. Pourtant, on racontait parfois encore que si le Muertaland s'ouvrait à jour, ce serait la fin du continent Almendros. Sombres prophéties, d'autant plus cruelles qu'elles se révélèrent vraies... Si sur cette Terre dont vous ignorez tout, et dont vous commencez seulement à envisager l'existence, le temps passe plus lentement, ici chez nous, voilà plus de quatre millénaires que cette histoire a eu lieu. Et c'est aujourd'hui que nous sommes confrontées au réveil.






Pourtant, Sentenza et ses deux filles ne sont plus. Il y a trois mille ans de cela, leurs têtes ont été retrouvées. Plantées sur des pieux, fichés en terre. Personne n'avait vu les pieux arriver pendant la nuit, personne ne les avait vu repartir une semaine plus tard, mais les faits étaient là : toute une semaine durant, à l'endroit même où je suis installé, à vous parler, en plein coeur du Rosaregnaest, les trois têtes des derniers membres de la famille Almendros avaient été exposées. Et depuis trois millénaires, la fumée noire s'élevant au-dessus du Muertaland ne servait plus qu'à effrayer les enfants le soir. Et aujourd'hui, trois mille ans plus tard, il n'y en a pas un parmi vous qui ne ressente aucune peur. Regardez-vous : maintenant que vous avez conscience de l'histoire de ce qui nous attaque, votre peur en ait grandi. Mais au contraire, compagnons, au contraire ! Nous les connaissons, nos attaquants, nous sommes capables de les vaincre ! Depuis trois mille ans, le nouveau maître du Muertaland semble avoir trouvé le secret de la création des Orques et des Trolls. Ils sont nos nouveaux ennemis. Mais ne sommes-nous pas nombreux, et surtout, n'avons-nous pas le Bien avec nous ? Cette sombre bataille au moment des fêtes de Noël nous a porté un coup au coeur. Comme vous, j'ai perdu des proches. Comme vous, après 3000 ans de paix relative, je ne pensais pas qu'on dusse de nouveau affronter le Muertaland. Mais puisque les faits sont ainsi, alors il faut s'y confronter ! Ils sont nombreux, machiavéliques, mais ils ne tuent pas ! Et l'Ombre, cette chose sans nom dont on dit qu'elle règne au coeur du Muertaland, croyez-vous vraiment qu'elle soit là pour nous tuer ? Ce serait bien trop simple. Ils n'ont pas attendu trois mille ans pour cela. Alors préparons-nous à la guerre, et soyez sûrs de nos coeurs ! Vous ne connaissiez pas l'histoire du continent, vous n'osiez pas aller de l'avant ? Voilà qui est fait ! Nous savons d'où nous venons, alors nous devons aller vers la victoire maintenant ! Vers la résistance ! Restez groupés, restez des hommes libres ! Car si vous choisissez de rejoindre le Muertaland, soyez-en sûrs : nous, habitants du Rosaregnaest, vous voueront une haine éternelle ! Sur ce, dispersez-vous, regagnez vos logis, préparez-vous.